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Accompagnement des familles en soins palliatifs : quelles sont les bonnes pratiques ?

01/12/2025
Accompagnement des familles en soins palliatifs : quelles sont les bonnes pratiques ?
Découvrez les bonnes pratiques pour accompagner les familles en soins palliatifs. Communication, soutien psychologique et prévention du deuil

En Belgique, entre 10 000 et 20 000 patients nécessitent actuellement des soins palliatifs, plongeant leurs familles dans une période de vulnérabilité extrême marquée par l'angoisse et la confusion. Face à cette réalité, l'infirmier joue un rôle déterminant dans la prévention du deuil compliqué, qui touche près de 5% des personnes âgées. Fort de son expérience en soins palliatifs à domicile, Infirmier Expert, basé à Anderlecht, accompagne quotidiennement les familles confrontées à ces situations délicates, répondant à leurs multiples besoins informationnels, émotionnels, psychosociaux et spirituels.

  • Organisez des réunions familiales proactives dès le début de la prise en charge pour réduire le temps en soins intensifs et permettre un accès plus précoce aux soins palliatifs
  • Utilisez systématiquement les échelles DOLOPLUS (score > 4) pour les patients âgés et ECPA (score > 5) pour évaluer objectivement la douleur chez les patients non-communicants
  • Prévoyez une supervision clinique régulière avec des psychologues ou des pairs pour permettre aux soignants d'exprimer leurs émotions face aux situations difficiles
  • Anticipez le seuil critique d'épuisement des aidants familiaux après 3 semaines d'accompagnement intensif en proposant des solutions de répit adaptées

Communication thérapeutique et accompagnement famille soins palliatifs

L'annonce d'une situation palliative représente un moment crucial qui détermine la qualité de l'accompagnement familial. Le protocole SPIKES, reconnu internationalement, offre une méthode structurée en six étapes permettant d'aborder ces conversations difficiles avec humanité et professionnalisme (tout en identifiant et satisfaisant les besoins psychologiques, spirituels, sociaux, culturels et physiques de chaque interlocuteur).

Cette approche commence par le Setting, qui consiste à créer un cadre approprié pour l'échange. Il s'agit de choisir un lieu calme, sans interruption possible, où la famille peut s'exprimer librement. La phase de Perception permet ensuite d'explorer ce que les proches savent déjà de la situation, évitant ainsi de les submerger d'informations qu'ils ne sont pas prêts à recevoir. Des réunions de famille organisées de manière proactive dès cette phase permettent, selon plusieurs études cliniques, de réduire significativement le temps passé aux soins intensifs et facilitent l'accès plus précoce à des soins palliatifs adaptés.

Le protocole SPIKES adapté aux familles en soins palliatifs

L'étape d'Invitation consiste à planifier l'entretien selon les besoins spécifiques de chaque membre de la famille. Certains souhaitent des détails médicaux précis, tandis que d'autres ont besoin d'être rassurés sur les mesures de confort (comme l'utilisation de la morphine qui aide à réduire les douleurs nerveuses sans affecter la respiration, contrairement aux idées reçues). La transmission des connaissances (Knowledge) doit se faire avec honnêteté et clarté, en utilisant un langage accessible plutôt que médical, tout en vérifiant systématiquement la compréhension car une mauvaise communication peut se manifester à cause de la langue, de la culture, de l'environnement et du stress ambiant.

L'accueil des émotions représente une phase essentielle du protocole. Face à l'annonce, les familles peuvent manifester de la colère, du déni ou une profonde tristesse. Ces réactions, souvent liées au phénomène de "sidération" (où l'émotion forte fait que le patient et ses proches n'entendent qu'une petite partie de ce qui est dit, phénomène appelé "anxiety related hearing difficulty"), nécessitent une écoute sans jugement et une présence bienveillante. Enfin, le partage des stratégies thérapeutiques permet aux proches de comprendre les options de soins disponibles et de participer activement aux décisions.

Adaptation culturelle de la communication en soins palliatifs

Au lieu de parler de "dégradation de l'état général", l'infirmier peut expliquer concrètement que le patient pourrait dormir davantage ou être moins réactif. Cette approche aide les familles à fixer des attentes réalistes et à mieux se préparer aux changements à venir. Les dimensions culturelles et religieuses doivent également être prises en compte, car elles influencent profondément la perception de la fin de vie. La pratique d'une anamnèse spirituelle préventive permet d'identifier les domaines où s'incarne la dignité du patient et d'analyser ses besoins spirituels spécifiques, évitant ainsi l'apparition d'une détresse spirituelle caractérisée par un éclatement de l'identité et une remise en cause des valeurs fondamentales.

Proposer des points réguliers de suivi, même brefs, avec une phrase comme "Restons en contact pour que je vous tienne au courant de chaque évolution" permet d'apaiser les anxiétés. Cette communication continue évite aux familles de se sentir abandonnées face à l'incertitude et renforce le lien de confiance avec l'équipe soignante.

Conseil : Lorsqu'une détresse spirituelle est identifiée chez un patient ou ses proches, privilégiez une présence attentive et une capacité d'écoute authentique. Encouragez la narrativité en permettant à la personne de raconter son histoire, ses questionnements et ses doutes sans jugement. Cette approche favorise la reconstruction du sens et l'apaisement des tensions intérieures.

Soutien psychologique et préparation au deuil anticipé

Le pré-deuil permet aux familles d'entamer le travail de deuil en présence du patient, en partageant leurs sentiments et en participant aux soins. Cette phase, bien qu'douloureuse, facilite considérablement le processus de deuil ultérieur. Il a été démontré que parler de la mort n'est pas anxiogène et s'avère psychologiquement moins difficile que le silence.

Cinq aspects caractérisent le pré-deuil : la prise de conscience de l'inévitabilité du décès, la possibilité d'exprimer ses émotions, l'opportunité de se réconcilier ou de révéler des non-dits, la capacité de se détacher graduellement, et le développement d'une représentation mentale du proche qui perdurera après son décès.

Accompagner les émotions des familles en soins palliatifs

L'expression des émotions doit être encouragée sans limite de temps fixe. Comme le souligne Josée Masson de Deuil-Jeunesse, "le deuil ne se calcule pas en temps, mais en liens : lien d'amour, lien d'amitié, lien significatif". Cette approche permet aux familles de vivre pleinement leur ressenti et de prévenir les complications du deuil.

Un pré-deuil bien accompagné offre la possibilité de répondre aux questions qui auraient pu engendrer de la colère, de la honte ou de la culpabilité. Les infirmiers jouent un rôle crucial en facilitant ces échanges et en créant un espace sécurisant où chaque membre de la famille peut exprimer ses besoins spécifiques.

À noter : Pour évaluer objectivement la douleur chez les patients ayant des difficultés d'expression, utilisez l'échelle DOLOPLUS pour les personnes âgées (douleur affirmée si score supérieur à 4) ou l'échelle ECPA lors des soins chez les non-communicants (douleur affirmée si score supérieur à 5). Ces outils permettent d'adapter rapidement les traitements antalgiques et d'améliorer significativement le confort du patient.

Prévention de l'épuisement des aidants familiaux

L'accompagnement 24 heures sur 24 engendre fréquemment un manque de sommeil chronique chez les proches aidants. Cette situation peut conduire à un épuisement physique et psychologique qui compromet la qualité des soins et le bien-être de tous. L'infirmier doit être attentif aux signes d'épuisement : irritabilité excessive, troubles du sommeil, négligence de sa propre santé. L'augmentation constante des responsabilités peut atteindre un seuil critique après environ 3 semaines d'accompagnement intensif, contraignant parfois au transfert du proche malade vers un établissement spécialisé.

Le besoin de soutien nocturne représente une préoccupation majeure des familles. Organiser des relais, proposer des solutions de répit et orienter vers les structures d'aide appropriées fait partie intégrante de l'accompagnement. Les conséquences de cette expérience intense persistent souvent plusieurs mois après le décès, nécessitant un suivi attentif.

Les familles ont besoin d'être guidées et formées par les professionnels pour diminuer l'anxiété liée à l'exécution des tâches de soins. L'enseignement pratique sur la gestion des symptômes, l'administration des médicaments et les soins de confort renforce leur confiance et améliore la qualité de vie du patient.

Exemple illustratif : Madame Dupont, 78 ans, accompagne son mari atteint d'un cancer en phase terminale depuis 4 semaines. Elle dort en moyenne 3 heures par nuit, surveillant constamment sa respiration. L'infirmière remarque qu'elle oublie de prendre ses propres médicaments pour l'hypertension et présente des signes d'irritabilité croissante. Après évaluation, l'équipe met en place un système de garde-malade de nuit deux fois par semaine et organise des après-midis de répit où la fille du couple prend le relais. Cette intervention précoce a permis d'éviter l'hospitalisation d'urgence qui se profilait et de maintenir les soins à domicile selon le souhait du patient.

Ressources et dispositifs d'accompagnement famille soins palliatifs en Belgique

Le système belge offre un ensemble complet de ressources pour soutenir les familles. Les équipes de soutien palliatif de l'AVIQ travaillent en deuxième ligne aux côtés des soignants de première ligne, intervenant gratuitement à domicile ou en établissements. Ces équipes pluridisciplinaires apportent une expertise spécialisée essentielle.

À Bruxelles, trois équipes multidisciplinaires proposent leur soutien : Continuing Care, Interface et Semiramis. Ces structures offrent une approche globale incluant médecins, infirmiers, psychologues et assistants sociaux. L'outil Pallia 10 permet d'évaluer objectivement les besoins d'intervention spécialisée : au-delà de trois réponses positives aux dix questions, le recours à une équipe spécialisée doit être envisagé.

Soutien financier et reconnaissance des aidants

Le forfait palliatif INAMI constitue une aide financière précieuse pour les familles, couvrant les médicaments et le matériel de soins. Cette intervention s'applique aux patients dont l'espérance de vie ne dépasse pas trois mois, nécessitant une attestation médicale spécifique. Les infirmiers peuvent également bénéficier de la majoration de coordination infirmière (MCI) pour les soins palliatifs à domicile.

Depuis septembre 2020, la loi belge reconnaît officiellement le statut d'aidant proche, permettant l'accès à des congés thématiques sous certaines conditions. Cette reconnaissance représente une avancée majeure pour les plus de 211 000 aidants proches recensés à Bruxelles, dont 18% sont des jeunes de plus de 15 ans.

Aidants Proches Bruxelles propose une ligne d'écoute au 02 474 02 55, offrant information et soutien. Le réseau SAM (Solidarité A la Maison) maintient également une permanence téléphonique 24h/24 au 02 474 02 44 pour les aidants en difficulté. Ces ressources constituent des relais essentiels pour prévenir l'isolement et l'épuisement des familles.

À noter : Pour les professionnels de santé confrontés quotidiennement à ces situations éprouvantes, la mise en place d'une supervision clinique régulière est essentielle. Les groupes Balint, animés par un psychothérapeute, permettent de reconnaître et d'analyser les difficultés relationnelles à partir de cas cliniques concrets. Ces espaces d'échange entre pairs offrent aux soignants la possibilité d'exprimer leurs émotions, de prendre du recul et de développer des stratégies d'adaptation face aux situations complexes rencontrées en soins palliatifs.

L'accompagnement des familles en soins palliatifs requiert une approche globale, alliant compétences techniques et qualités humaines. Infirmier Expert, fort de son expérience en soins palliatifs à domicile à Anderlecht, met en œuvre ces bonnes pratiques au quotidien. Disponible 24h/24, l'équipe dirigée par Monsieur Amadou Aziz offre un accompagnement personnalisé, respectueux des besoins spécifiques de chaque famille. Si vous êtes confronté à cette situation dans la région d'Anderlecht, n'hésitez pas à faire appel à nos services pour bénéficier d'un soutien professionnel et bienveillant dans ces moments difficiles.